Après une décennie de stabilité monétaire, l’inflation a fait son retour en force avec une hausse générale et durable des prix des biens et services. Avec une problématique induite : plus l’inflation s’accélère, plus la valeur réelle du salaire minimum diminue. Autrement dit, la même somme d’argent permet d’acquérir moins de choses qu’auparavant. En l’absence d’augmentation des salaires, la perte de pouvoir d’achat est inévitable. Mais pour évaluer précisemment cette perte, il est nécessaire de croiser plusieurs informations.
Les biais de l’indice des prix à la consommation
Différentes méthodes existent pour évaluer l’inflation. L’indice des prix à la consommation (IPC) est l’indicateur généralement retenu pour mesurer l’augmentation des prix. Mais il est calculé sans intégrer tous les biens de consommation ni tous les consommateurs de manière homogène. Basé sur l’évolution du coût moyen d’un panier de biens et services achetés par les ménages, il ne reflète qu’une moyenne statistique. L’INSEE propose donc un outil permettant à chacun de calculer son taux d’inflation personnalisé, en fonction de ce qu’il consomme.
L’augmentation du coût de la vie pose particulièrement problème lorsqu’elle touche les produits de première nécessité. Dès lors, certains instituts développent des modèles statistiques tenant compte de cet effet. Les niveaux d’inflation relevés pour les produits alimentaires et le petit bazar ont en réalité atteint 16,2% (contre 5,6% avec l’IPC).
L’INSEE publie par ailleurs des indicateurs plus spécifiques (loyers, produits alimentaires, etc.), permettant de décomposer l’augmentation des coûts et de mieux comprendre ses composantes. Cela permet également d’allouer les compensations financières de manière plus précise, en les dirigeant vers là où sont les besoins réels.
Quels indicateurs pour évaluer le pouvoir d’achat ?
Avec une baisse de 2,2% des salaires réels au premier semestre 2022 (selon l’OIT), il devient urgent de combler l’érosion du pouvoir d’achat. Aussi les entreprises prévoient d’augmenter leur enveloppe de rémunération en moyenne de 4,5%.
Cependant, à l’échelle individuelle, il est difficile de comprendre l’évolution des conditions de vie des salariés sans disposer d’un référentiel précis et individualisé sur les revenus. L’URSSAF en distingue deux : le salaire mensuel de base (SMB) et le salaire moyen par tête (SMPT), chacun présentant des avantages et des limites.
- Le SMB correspond au salaire minimum que l’entreprise doit verser et n’inclut ni les primes, ni les heures supplémentaires, ni les avantages en nature ou les indemnités diverses.
- A contrario, le SMPT tient compte des avantages et compléments, mais n’intègre pas en revanche la notion d’inégalité de salaire au sein d’un groupe ou d’une entreprise, ni des variations de rémunération en fonction du niveau de qualification ou d’expérience.
Pour compléter ces indicateurs, il existe d’autres outils, notamment un, proposé par la DARES, permettant de mesurer l’évolution des salaires par catégorie socio-professionnelle ou par branche.
Calculer l’évolution des salaires
Prenons l’exemple de Mme. Durand, dont le salaire mensuel de base s’élève à 3000 euros. Il s’agit ici du salaire nominal, indiqué sur sa fiche de paie. Mme Durand a obtenu une augmentation de 2% (3060 euros) mais a subi une inflation de 5%. Par conséquent, son salaire réel, qui détermine la quantité de biens et de services qu’elle peut acquérir, est de 2914 euros en janvier (exprimé en euros constants aux prix de janvier 2022). Son pouvoir d’achat a donc diminué de 146 euros.
Pour calculer le pourcentage d’évolution du salaire de Mme. Durand, le calcul s’effectue de la manière suivante : nouveau salaire / (1 + (taux d’inflation / 100)).
18/07/2023 - LE MAG EXPERTS ET DÉCIDEURS